Ahmed Sékou Touré, né le 9 janvier 1922 à Faranah en Guinée et mort le 26 mars 1984 à Cleveland aux États-Unis, est le premier président de la république de Guinée, en poste à partir de l’indépendance obtenue de la France en 1958 jusqu’en 1984.

Sékou Touré est membre de l’aristocratie de l’ethnie mandingue et a pour grand-mère maternelle Bagbè Ramata Touré, une des filles de l’Almamy Samory Touré (1830-1900). Ce dernier avait résisté à la colonisation française en Afrique de l’Ouest, jusqu’à sa capture en 1898. Il est le fils d’Alpha, boucher malinké et Aminata Fadiga. Il fréquente des écoles coraniques et des établissements français. Il étudie au lycée technique Georges-Poiret de Conakry, d’où il est renvoyé à l’âge de 15 ans pour avoir mené une protestation contre la nourriture servie à l’école.

Durant sa jeunesse et après être devenu président de la République, Sékou Touré étudie les travaux des philosophes communistes, en particulier ceux de Karl Marx et de Lénine.

Avant l’indépendance, Sékou Touré travaille pour les services postaux (PTT) mais il est bloqué dans son ascension professionnelle et ne peut accéder aux postes de responsabilité auxquels il aspire. Il reste donc simple responsable des postes, mais s’investit dans le syndicalisme en devenant un des meneurs de la jeune génération guinéenne. En 1945, il devient le secrétaire général du syndicat des postiers, le premier syndicat fondé en Guinée (les syndicats étaient interdits dans les colonies françaises jusqu’en 1944), puis contribue à organiser l’Union des syndicats confédérés de Guinée (USCG), affilié à la CGT, dont il est élu secrétaire général. Il participe en 1947 à la fondation du Parti démocratique guinéen, antenne locale du Rassemblement démocratique africain (RDA), parti agissant pour la décolonisation de l’Afrique.

Il est l’un des dirigeants du RDA, travaillant étroitement avec son futur rival, Félix Houphouët-Boigny, qui devint en 1960 le président de la Côte d’Ivoire. Il accepte en dépit de ses réticences la décision de Houphouët-Boigny de rompre avec les communistes et d’abandonner la lutte pour l’indépendance immédiate afin de se rapprocher du gouvernement français.

Il échoue à conquérir un siège à l’Assemblée nationale française lors des élections législatives de 1951 et 1954 (ce dernier scrutin, de l’aveu du ministre de la France d’outre-mer Robert Buron, a été « honteusement truqué pour provoquer l’élimination de Sékou Touré »). Il est élu député lors de sa troisième participation en 1956, ainsi que maire de Conakry en 1955, sous la bannière du RDA, positions qu’il utilise pour lancer des critiques pointues du régime colonial. Il siège cependant au sein du groupe parlementaire du RDA-UDSR et appartient ainsi de facto à la majorité gouvernementale. Il se lie d’amitié avec François Mitterrand, l’un des principaux dirigeants de l’UDSR. En 1957, il organise l’Union générale des travailleurs d’Afrique noire, une centrale syndicale commune pour l’Afrique-Occidentale française.

La métropole française est en pleine discussion sur la décolonisation qui s’annonce et, lors de la visite du 25 août 1958 effectuée par le général de Gaulle à Conakry pour défendre le maintien de la Guinée dans la Communauté française, Sekou Touré défend une « entité multinationale composée d’États libres et égaux » et déclare qu’il votera « oui » au référendum seulement si le texte est amendé afin de reconnaître aux peuples le « droit à l’indépendance ». Cet incident lui vaut une solide rancune de De Gaulle qui, mal informé de la situation en Guinée, ne s’attendait pas à être reçu avec un discours aussi offensif. En 1958, plus d’un million de Guinéens votent « Non » (seuls 57 000 ont voté « Oui ») au référendum parrainé par le gouvernement français sur l’union avec la France et choisissent l’indépendance totale, qu’ils obtiennent le 2 octobre 1958, avec Sékou Touré à la tête du pays. La Guinée est la seule des colonies africaines de la France à voter pour l’indépendance immédiate tandis que le reste de l’Afrique francophone choisit l’indépendance deux ans plus tard, en 1960. Le président De Gaulle réagit en ordonnant aux fonctionnaires et techniciens français de quitter immédiatement la Guinée, ce qui suscite un certain nombre de difficultés pour le jeune État guinéen. Les colons français emportent avec eux tout leur matériel de valeur, rapatrient les archives souveraines françaises et, surtout, les liens économiques sont rompus. Malgré les difficultés, Sékou Touré affirme « préférer la liberté dans la pauvreté que la richesse dans la servitude ».